Notre Dame de Paris : après l’incendie, la restauration?
Un terrible incendie vient de ravager Notre-Dame-de-Paris, l’un des monuments historiques les plus prestigieux au monde et un symbole du patrimoine français. Revenons ensemble sur cette nuit tragique et préservons l’espoir de voir un jour se dresser à nouveau dans le ciel, intactes, les Tours et la Flèche de Notre Dame.
Notre Dame, un monument médiéval exceptionnel
L’émotion, après l’incendie, est immense dans le monde entier. La valeur historique, architecturale et symbolique est en effet unique et cette nuit terrible a vu la perte d’un héritage irremplaçable.
La cathédrale est l’un des exemples les plus aboutis de l’architecture gothique en Europe médiévale. Initiée dans la seconde partie du XIIème siècle, la construction de Notre Dame s’est étalée sur des décennies. Il aura fallu en effet près de cent ans pour que cet édifice adopte sa physionomie finale.
Les vitraux et la grande rosace de Notre Dame, ou rose sud, les gargouilles et les statues, les objets liés à l’adoration de Dieu et à la messe, les reliques contribuent au prestige des lieux. Plus qu’un bâtiment, la cathédrale demeure un lieu de culte catholique toujours actif. Les fidèles y côtoient près de 13 millions de touristes chaque année, ce qui fait de Notre Dame le monument historique le plus visité d’Europe. On y vient pour admirer les Tours depuis le parvis, et la vue imprenable sur Paris depuis les Tours, on admire les vitraux depuis l’intérieur et on s’émerveille devant le Trésor, constitué d’objets liturgiques exceptionnels.
Le tragique incendie du 15 avril 2019
La cathédrale vivait depuis juillet 2018 une grande campagne de restauration. Ces travaux, les plus ambitieux depuis des décennies, devaient permettre à l’édifice de retrouver toute sa grandeur et sa beauté passées.
Pour des raisons encore inconnues, même si la thèse accidentelle semble privilégiée au lendemain du sinistre, un départ de feu s’est déclaré au niveau du chantier en fin d’après-midi, le lundi 15 avril 2019. L’alerte a rapidement été donnée, permettant d’évacuer les visiteurs et le personnel encore présents sur les lieux.
Malgré l’arrivée rapide sur les lieux des secours, l’incendie s’est propagé à toute vitesse et a consumé l’ensemble de la charpente. Datant pour une part du Moyen-âge, celle que l’on surnomme la forêt était l’un des trésors architecturaux les plus précieux de France. L’héroïsme absolu et le courage extrême des pompiers, qui ont lutté toute la nuit, ont permis à ce que nous en savons de sauver l’intégrité du bâtiment : les Tours semblent peu endommagées, la voûte est dans l’ensemble préservée, le Trésor a pu être mis à l’abri. Il faudra s’assurer maintenant de la résistance de la structure aux tensions subies : le feu, le poids des décombres mais aussi l’eau qui a servi à noyer l’incendie sont autant de menaces potentielles.
Et maintenant ? L’espoir et la restauration
Notre Dame de Paris, vénérable édifice bientôt millénaire, a traversé de nombreuses guerres, a réussi à survivre à la Révolution puis à la Commune. Si l’incendie du 15 avril 2019 restera dans les mémoires comme la tragédie la plus terrible de son histoire, tous les espoirs sont permis quant à sa restauration future.
Une cathédrale maintes fois remaniée et restaurée
Il faut garder à l’esprit qu’un monument comme Notre Dame de Paris n’est pas monolithique. La cathédrale ne nous est pas parvenue intacte du Moyen-âge et a connu au fil des siècles vicissitudes et remaniements.
La restauration par Viollet-le-Duc, au XIXème siècle a par exemple profondément modifié le bâtiment. Elle était nécessaire, étant donné l’état de délabrement des lieux. Mais les choix de l’architecte furent particulièrement contestés par ses pairs. Ainsi, la flèche tombée le 15 avril, emportée par le brasier, est une invention d’inspiration médiévale datant du XIXème siècle.
Quand Eugène Viollet-le-Duc s’attaque à la restauration de Notre Dame, aucune flèche ne coiffe la toiture depuis déjà plusieurs siècles. Il s’inspire de la présence d’une flèche sur une enluminure d’un manuscrit du XVème siècle, Les Très Riches Heures du duc de Berry, pour en installer une nouvelle. Le modèle s’inspire de celle de la cathédrale d’Orléans, elle-même dessinée au XIXème siècle. La cathédrale Notre Dame de Paris telle qu’elle nous est parvenue au XXIème siècle n’est pas exactement celle qu’ont connu les Parisiens du Moyen-âge.
Un immense chantier de restauration
L’incendie du 15 avril 2019 a profondément ravagé l’édifice, a fragilisé sa structure à divers endroits, mais il ne l’a pas complètement détruit. Les dégâts sont dramatiques, mais le travail remarquable des pompiers a évité une destruction totale.
Aucune reconstruction ne sera donc entreprise, puisque le bâtiment est encore debout : il s’agira au contraire probablement de la plus ambitieuse campagne de restauration jamais entreprise sur le monument depuis son achèvement au Moyen-âge.
Pour renouer avec l’espoir, il suffit de nous replonger au cœur de la tourmente de la Première Guerre Mondiale. La cathédrale de Reims a été bombardée le 19 septembre 1914, ce qui a provoqué un incendie ravageur, des dégâts incommensurables et la perte de toute la toiture. Des images d’archives disponibles sur le site officiel de la Mairie de Reims permettent de mesurer l’ampleur des dégâts : un formidable travail de restauration a permis au monument de retrouver sa gloire passée.
Restauration de Notre Dame : l’affaire de tous !
Les autorités, en la personne d’Emmanuel Macron, ont promis que tout serait entrepris pour rendre à Notre-Dame de Paris son intégrité. Des réunions sont en cours pour poser les bases d’une future restauration. Les travaux seront extrêmement coûteux et particulièrement longs : de 10 à 20 ans pour une restauration complète, selon Stéphane Bern . Ils mobiliseront tous les savoir-faire et tous les talents des compagnons et artisans venus de France et d’ailleurs, mais demeurent à la portée d’un pays comme la France. La renaissance de ce bâtiment sera possible, si la volonté et les moyens se montrent à la hauteur du projet.
Des mécènes privés ont d’ores et déjà promis des dons conséquents pour financer cette campagne de restauration à venir. La famille Pinault a annoncé le déblocage de 100 millions d’euros pour participer à la reconstruction de la cathédrale. La famille Arnault a pour sa part promis un don de 200 millions d’euros.
L’incendie a suscité une vive émotion dans le monde entier et un immense élan de solidarité. Si vous vous sentez concerné par cette tragédie, vous pouvez participer à la collecte lancée par la Fondation du Patrimoine :
https://don.fondation-patrimoine.org/SauvonsNotreDame/~mon-don
Chaque don, même de quelques euros, participera à la remise en état de ce monument exceptionnel, qui se visitera à nouveau, nous l’espérons de tout coeur, d’ici quelques années.
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